Tituba : la sorcière oubliée qui en savait trop

Elle est évoquée en une ligne dans les manuels d’histoire.
Souvent citée, jamais explorée.
Accusée, puis oubliée.
Et pourtant… Tituba fut le détonateur mystique du plus célèbre procès de sorcellerie de l’histoire moderne : Salem, 1692.

Mais qui était-elle vraiment ?
Une esclave manipulée ? Une menteuse soumise ? Une pauvre femme prise dans l’engrenage ?
Ou… une prêtresse silencieuse, une gardienne de traditions interdites, dont le savoir dérangeait l’ordre colonial chrétien ?

Et si Tituba n’avait pas été une victime… mais un véritable portail vivant vers des forces que l’on a voulu faire taire à tout prix ?

Née probablement en Barbade au XVIIe siècle, Tituba était une femme noire, esclave, arrachée à ses terres natales et amenée dans la colonie puritaine du Massachusetts par le révérend Samuel Parris.

Mais contrairement à l’image d’une esclave passive, elle semble avoir conservé en elle des savoirs ancestraux puissants, mêlant :

• Magie africaine (obéah, vaudou originel)
• Rituels amérindiens transmis par contact
• Mysticisme insulaire créole
• Et peut-être même des bribes de traditions gnostiques ou atlantes, transmises oralement

Elle parlait peu. Elle observait beaucoup.
Et surtout… elle savait.

En 1692, des jeunes filles du village de Salem commencent à avoir des crises étranges. Elles désignent des femmes du village comme sorcières. Puis le nom de Tituba surgit.

Et c’est là que tout bascule.

Contrairement aux autres femmes, Tituba avoue. Mais elle ne se contente pas de se soumettre : elle décrit des rituels, des familiers, des pactes sanglants, des visions d’ombres et d’hommes ailés.
Elle impressionne les juges. Elle horrifie les puritains.

Mais ce qu’on oublie de dire, c’est que ses descriptions n’ont rien à voir avec les pratiques « sorcières » européennes.
Elles ressemblent plutôt à des rituels initiatiques venus d’ailleurs.
Des visions chamaniques. Des archétypes transcontinentaux.

Deux thèses s’opposent. Mais la vérité pourrait bien être au carrefour des deux.

Tituba manipulée ?

Certains historiens pensent que ses « aveux » ont été arrachés sous la menace.
Mais alors pourquoi avoir donné autant de détails mystiques ? Pourquoi ne pas s’en être tenue à des phrases simples ? Pourquoi décrire des choses que les puritains eux-mêmes ne comprenaient pas ?

Tituba dépositaire d’un savoir interdit ?

Et si elle avait délibérément ouvert une brèche ?
Et si, consciente de la puissance des mots, elle avait invoqué volontairement une énergie ancestrale pour provoquer une prise de conscience — ou un chaos nécessaire ?

Une chose est sûre : après elle, rien ne fut plus jamais pareil à Salem.

• Après avoir « avoué », Tituba n’a pas été exécutée.
• Elle a disparu des archives, comme effacée.
• Certains prétendent qu’elle aurait été libérée par un inconnu.
• D’autres disent qu’elle a été vue dans les montagnes, pratiquant seule, la nuit, entourée de cercles de pierre.

On a voulu faire d’elle une page de bas de livre, une silhouette.

Mais en réalité, elle a été la première à oser parler, à nommer l’invisible, à déclencher le déséquilibre du mensonge religieux.

Et cela, on ne le lui a jamais pardonné.

Aujourd’hui, Tituba est réhabilitée dans les cercles ésotériques, féminins, afro-caribéens, et dans les pratiques de magie décoloniale.

Elle est vue comme :

• Une passeuse entre les mondes
• Une gardienne de savoir oral effacé
• Une figure de transgression spirituelle
• Une pionnière sacrifiée sur l’autel du patriarcat chrétien

Elle n’est plus la « sorcière esclave ».
Elle est la mémoire interdite de la magie originelle.